Occi, le village qui ne voulait pas disparaître

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Il est des lieux qui ne laissent pas indifférent, qui dégagent une atmosphère particulière et évoquent mythes et légendes. Le village abandonné d'Occi est l'un d'eux. Embarquez avec nous à la découverte de ce village peu commun qui ne voulait pas disparaître.

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Au-dessus du village de Lumio, en Balagne, se cache un amas de bâtiments en pierre bien singulier. Niché sur un plateau à 377 mètres d'altitude cet étrange village offre une vue panoramique époustouflante sur toute la vallée et la Balagne en contrebas. Ici la lumière naissante du jour rencontre la pierre taillée et abimée par le temps qui passe. Bienvenue dans l'étrange village d'Occi, ou le plus célèbre village abandonné de Corse qui attire un grand nombre de visiteurs, locaux comme vacanciers, chaque année.

Autrefois village plein de vie, Occi est aujourd'hui complètement délaissé. Ses ruelles jadis emplies de bruits du quotidien, de voix, de cris, de rires, sont complètement silencieuses. Désormais, plus un seul son ne vient gêner cette quiétude éthérée. Mais alors, comment en sommes-nous arrivés là ? Pour le savoir, comme toujours, il faut se pencher dans le passé et remonter le temps.

Un refuge bienvenu

Les premières mentions du village remontent au XVème siècle bien que l'on estime que dès le début du bas moyen âge un « village » rudimentaire occupait déjà l'endroit.

A l'époque, vous commencez à le savoir, l'ombre des razzias barbaresques plane sur tout le pourtour méditerranéen et aucun territoire côtier n'est épargné. La Corse n'y fait pas exception et les attaques des vandales puis des maures dévastent en continu le littoral. En contrebas de l'actuel village d'Occi se trouve alors le lieu-dit de Spanu. Proche de la côte, le village est la cible fréquente des attaques. Ses habitants, comme c'est le cas sur la majorité du littoral de l'île, se réfugient sur les hauteurs pour se mettre à l'abri.

Mais peu à peu les choses vont changer, ce qui n'était qu'un refuge va devenir le lieu de résidence principale des habitants et le village naissant d'Occi va prendre vie peu à peu. Les populations de l'époque, essentiellement des cultivateurs, réussissaient alors peu ou prou à arracher quelques maigres récoltes d'un sol somme toute assez pauvre.

La descente aux enfers

Au XVIème siècle 150 âmes vivent alors dans le petit village d’Occi, ce chiffre va diminuer de moitié en un siècle à peine. Petit à petit la population diminue et le village est délaissé. Les raisons seraient nombreuses : razzias importantes qui auraient dépeuplé la microrégion, épidémies, difficultés pour accéder à des ressources vitales etc. Finalement ce qui a permis à la petite communauté de prospérer, son isolement, va précipiter sa chute. Dans un monde en pleine évolution, Occi est alors le vilain petit canard. Ainsi peu à peu, pour des raisons économiques et politiques, malgré un sursaut entre 1820 et 1840, le village dépérit. Le village cesse d’exister en tant que commune et entité lorsque Lumio, la commune voisine, « annexe » le territoire pour de bon.

En 1862 le dernier mariage y est célébré. 10 ans plus tard il ne reste plus qu'un habitant, l'emblématique Felix Giudicelli, dit « Fra Felice » qui fait de la résistance, et une famille d'agriculteur qui partira à son tour quelques années plus tard. En 1918 Felix Giudicelli décède et avec lui le dernier habitant historique d'Occi. Sa mort sonne le glas du village.

Et aujourd'hui, la renaissance ?

C'était le village qui ne voulait pas disparaître et plusieurs personnes du cru se sont mobilisées pour le faire renaître peu à peu de ses cendres. C'est le cas de l'association « Occi, paese rinascitu » qui s'engage pour redonner ses lettres de noblesse au village et notamment pour qu'il ne soit accessible que par un sentier pédestre pour éviter toute exploitation commerciale de ce lieu hors du commun. 

La chapelle Santissima Annunziata d’Occi est l’exemple parfait du léger battement de cœur qui refuse obstinément de disparaître de ce lieu mythique. Sa date de construction serait estimée au V ou VIème siècle. Comme le reste du village la chapelle a subi les affres du temps, si bien que jusque dans les années 2000 il ne subsistait que quelques ruines. L’édifice a été entièrement restaurée en 2003 par l’association d’Occi. La chapelle se dresse désormais fièrement au cœur du village désert, symbole ô combien important de l’immortalité du lieu qui vit à travers les actions locales et dans la mémoire des habitants.

Occi, village immortel

Se promener dans le village d'Occi c'est faire un grand plongeon dans le passé en contemplant un lieu où le temps s'est arrêté et où, paradoxalement, ce dernier a bien laissé sa marque. Lieu intemporel, coincé entre plusieurs époques, hors norme, intrigant et mystérieux il appelle à la rêverie et la contemplation, s'y promener est une expérience hors du commun. A mesure que l'on avance dans le village endormi on se prend à imaginer la vie qui y prenait autrefois place, il y a plusieurs siècles de cela.

Trois sentiers différents mènent au village et offrent aux quidams des randonnées agréables accessibles à tous les âges. Sur le chemin on y croise d'ailleurs, comme un symbole, une tour génoise qui nous rappelle le dangereux quotidien des habitants de la côte à l'époque. Une fois arrivés au village on est accueilli par des points de vue à couper le souffle notamment sur la marine de Sant'Ambroggio avec la mer à perte de vue. C'est le moment idéal pour se perdre dans ses idées, penser aux légendes et aux mythes qui entourent ce village si particulier et s'imprégner de l'atmosphère irréelle et éthérée qui s'en dégage. Vous êtes au village d'Occi, le village qui, plus que tout au monde, ne voulait pas disparaître.

 

Avant de nous quitter, pourquoi ne pas jeter un œil à cette série d’articles qui vous en apprendront davantage sur la Corse et tous les secrets qu’elle renferme, ou tout simplement sur le voyage en notre compagnie : les tours génoises en Corse ; les Agriates, terre contrastée ; série sur le Cap Corse : histoire et spécificités, incontournables, les plus belles plages ; traverser en ferry avec CORSICA linea ; traverser en famille.

Bon’viaghju !

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