Le lac de Nino, longé par le célèbre GR20 culmine à 1743m d’altitude en plein centre de la Corse. Niché au cœur de la vallée du Niolu au-dessus du Cortenais, il est le deuxième plus grand lac de Corse après celui de Betaniella, avec une superficie de 6,5 hectares.
Il est également la source du fleuve du Tavignanu, deuxième plus important fleuve de Corse, en longueur et en débit (ça commence à en faire des records…).
Le lac situé au sein du Parc Naturel Régional de Corse (l’un des premiers à être créé en France), est un espace préservé et protégé, reconnu pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère, mais également pour sa fragilité ! Les abords du lac sont en permanence occupés par de nombreux animaux comme des chevaux sauvages, des vaches ou des cochons. Attention toutefois à ne pas nourrir ces animaux, ils s’habituent très rapidement au contact avec les humains et délaissent petit à petit leurs sources naturelles d’alimentation, sans compter qu’ils peuvent avoir des comportements imprévisibles voire violents (après tout nous sommes chez eux).
Avant de parler de la randonnée et de sa difficulté, il faut savoir qu’il y a plusieurs itinéraires pour accéder au fameux graal qu’est le lac de Nino, dont les deux plus « aisés » débutent dans la vallée du Niolu.
Un autre accès est possible depuis la vallée du Cortenais et les sentiers de randonnée de haute montagne situés au-dessus des célèbres lacs de Melu et Capitellu. Mais attention, cet accès nécessite de dormir dans l’un des refuges de haute montagne, la randonnée permettant de voir les 3 lacs ne pouvant se faire en une seule journée.
Le premier itinéraire part de la maison forestière de Poppaghia (1076m) dans la vallée du Niolu, sur la D84 entre Albertacce et Castellu di Vergio.La randonnée, selon le guide « les plus belles randonnées entre mer et montagne, 58 itinéraires » de Klaus Wolfsperger, est classée comme étant d’une difficulté moyenne. En effet l’itinéraire est dans son ensemble relativement facile (et notamment le début). Cependant un passage un peu raide dans les éboulis et sur les plaques rocheuses à la fin de la montée s’avère plus compliqué.
En effet petits et grands sont obligés de poser les mains pour escalader et crapahuter (ce qui nous rend l’expérience d’autant plus exaltante et aventureuse, attention tout de même à progresser avec prudence). Il faut compter en moyenne 4 à 6h pour l’aller-retour (en fonction de la forme physique, de l’expérience et de l’âge des marcheurs bien évidemment).
Si vous comptez le faire avec des enfants il faut qu’ils soient suffisamment âgés, dégourdis et surtout bien équipés notamment au niveau des chaussures.
Le second itinéraire qui emprunte le GR 20, part du col de Vergio et est un peu plus long que le premier (il faut compter entre 6 et 8h aller-retour). Par contre l’itinéraire est plus facile dans sa globalité et bien moins escarpé, et présente moins de difficultés techniques (classée niveau moyen également).
La randonnée par les bergeries de Colga commence doucement avec un petit sentier de montagne très agréable, qui s’élève paisiblement à travers une Pinède de Pins Laricio. Autrement appelé « Pin de Corse » ou « Pinus nigra var corsicana », l’arbre est une espèce endémique de Corse. Tout au long de la randonnée il faut suivre le marquage jaune ou les cairns (ces amas de pierres montés par les randonneurs pour indiquer le chemin, bien souvent en équilibre, défiant les lois de la gravité, ils peuvent être fantasques, simples ou encore très imposants). Le sentier remonte ensuite le vallon de Colga avant de rejoindre les bergeries du même nom (1411m) au bout d’une heure de marche. A partir de là, la montée devient plus ardue et raide, car il faut progresser dans les éboulis et les fameuses plaques rocheuses. La difficulté est présente, mais le panorama grandiose qui s’offre alors à vous vaut bien le coup !Le passage offre une vue imprenable sur la vallée et de grands Pins se dressent fièrement vers le ciel entre les plaques rocheuses. Il faut ensuite emprunter une « cheminée » qui va nécessiter « d’escalader » comme les fameux mouflons corses (une autre espèce endémique).La prochaine étape c’est l’arrivée à Bocca Stazzona qui culmine à 1762m d’altitude ! De là on peut admirer un fantastique panorama sur le lac de Nino et ses célèbres pozzines (ou pozzi en Corse), mais également sur le Monte Rotondo qui donne son nom au massif. Il ne reste plus qu’à entamer la descente vers le lac et profiter de tout ce qu’il a à offrir. Le retour se fait par le même itinéraire (attention à la descente, il faut avoir le pas sûr et ne pas vouloir aller trop vite, une chute est vite arrivée).
La randonnée débute avec une vue sublime sur la Paglia Orba (ne serait-ce pas là le nom d’un de nos navires ?) et le massif rocailleux du Cintu, plus haut sommet de Corse qui culmine à 2706m. La marche entame par un agréable sentier à l’ombre des grands Pins de Corse, pendant plusieurs kilomètres.La forêt passée, on atteint le col de Saint-Pierre (1452m) et on passe à proximité d’un grand pin penché pour ensuite traverser un sublime plateau et changer de versant pour emprunter un sentier plus rocailleux.A ce moment-là on aperçoit (enfin) le lac de Nino niché dans son écrin de verdure et de roche, à 100m en contrebas. Il ne reste plus qu’à entamer la descente pour aller s’allonger dans les pozzi et tremper un doigt de pied, ou tout son corps pour les plus téméraires, dans l’eau du lac. Le retour se fait par le même itinéraire.
Ce sont des pelouses herbeuses qui ont plusieurs milliers d’années et qui entourent et couvrent en partie certains lacs de Corse (comme celui de Nino). Le mot « pozzine » a été introduit dans la littérature scientifique en 1910 pour désigner « les formations végétales très hygrophiles (qui a une préférence pour les lieux humides) de la haute montagne corse ». Le terme est formé à partir du mot « pozzi » (puit) en Corse et « alpine ».
Mais comment se sont-elles formées ? Et bien ces puits sont d’origine glaciaire, difficile à imaginer quand on sait qu’aucun glacier n’a subsisté sur l’Île !Et oui il y fort longtemps, des glaciers occupaient la place des Pozzi actuels, qui ont fini par fondre et former des lacs qui pour la majorité ont disparu, laissant derrière eux des puis d’eau éparpillés. Ainsi nacquirent les Pozzi. Les ruisseaux parcourent l’herbe et forment ces puits si caractéristiques du paysage montagneux Corse. Véritables réservoirs de fraicheur et havres de paix, les pozzines abritent tout un écosystème fantastique. Recouverts d’une herbe tendre, vaches, cochons et chevaux sauvages viennent s’y repaitre tout au long de l’été. Les pozzines permettent également à un grand nombre d’espèces végétales de se développer et de s’épanouir.
Le Lac de Nino est le seul lac en Corse ou l’on trouve le « trèfle d’eau » ou « Menyantes trifoliata », une variété de trèfle que l’on retrouve dans des eaux peu profondes ou sur des berges inondables. Son feuillage vert laisse place au printemps à d’étonnantes fleurs blanc-rosé à pétales frangés. Sauriez-vous le retrouver ?
Comme pour toute bonne randonnée en montagne, il faut méticuleusement préparer son sac et penser à emporter :
Alors que vous partiez du col de Vergio ou de la maison forestière de Poppaghia, c’est une exceptionnelle randonnée qui s’offre à vous. Maintenant que vous savez tout de l’origine du lac et celle des pozzine, sur les espèces que vous allez y rencontrer et sur l’itinéraire à emprunter, vous êtes fin prêts pour vous attaquer au célèbre lac de Nino !
Alors on enfile ses chaussures, on prend son sac à dos et on grimpe !