À chaque changement de saison son histoire. En automne, les feuilles chutent des arbres tout comme les températures. Les couleurs de saison sont de retour et nos habitudes estivales sont petit à petit mises de côté pour laisser places à celles de l’automne.
On se prépare doucement aux fêtes de fin d’année dont la fête de la Toussaint. C’est à cette période que les contes, légendes et traditions liés au surnaturel refont surface. Ainsi, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir ces légendes urbaines et ces lieux mystérieux qui font partie intégrante de la culture insulaire.
SARTENE – RT40
Il vous est peut-être déjà arrivé de croiser ce lieu étrange si vous avez déjà visité le Sud de la Corse. En parcourant la route menant à Sartène depuis Propriano, il se peut que vous ayez déjà croisé cette étrange demeure en bord de route, entièrement recouverte par les arbres et feuillages alentours.
Une famille originaire de la région construisit cette bâtisse à la fin du 19ème siècle sur les fondations d’un ancien moulin. Située en bord du Rizzanese – fleuve de l’Alta Rocca – cette demeure est cachée par la végétation, ce qui lui confère une apparence mystérieuse.
La légende raconte qu’elle a été habitée jusqu’à la mort de son dernier propriétaire en 1980 qui en avait hérité quelques années auparavant.
Le terrain d’origine est surnommé A Lama Bughja qui signifie « La vague sombre » ; la présence d’eau à proximité expliquerait en partie les bruits étranges entendus par des curieux visiteurs.
Deux évènements tragiques ont particulièrement marqué ce lieu étrange. En effet un ancien propriétaire aurait perdu la vie en tombant du toit, tandis qu’un ouvrier aurait été victime d’un accident en chutant d’un échafaudage lors d’une rénovation quelques années plus tard.
La bâtisse fragilisée aurait donc été le théâtre d’une série d’accidents,contribuant ainsi sa réputation mystérieuse.
PLAINE ORIENTALE – RT10
Si vous êtes plutôt habitués à rester en Haute-Corse, vous avez probablement eu la possibilité de croiser la route de la célèbre maison hantée près d’Aléria.
Située au croisement des routes RT10 et RD16 (route de Moïta) en Plaine Orientale, cette maison appelée « la maison hantée » aurait été rénovée à plusieurs reprises, sans succès.
Cette demeure carrée en bord de route et aux volets cassés serait hantée. En effet toutes les tentatives de rénovation qui y ont été effectuées n’ont jamais pu aboutir car la bâtisse ne cesse de se délabrer.
C’est comme si le lieu souhaitait conserver son état mystérieux et préserver le secret qui rôde autour de la maison.
La légende raconte que la maison a été construite sur un ancien cours d’eau. Ceci pourrait expliquer l’instabilité des fondations…
Le Mazzeru est une figure emblématique et mystérieuse de la culture corse, souvent perçue comme un sorcier aux pouvoirs surnaturels. Doté de la capacité de donner la mort de manière surnaturel, il est décrit comme un être étrange qui agit la nuit. C'est dans ses rêves que le Mazzeru quitte son lit, poussé par une force irrésistible, pour parcourir la campagne à la recherche d'une proie. Caché dans l'ombre, il guette un animal sauvage ou domestique qui se laisse surprendre. Une fois la bête abattue, il la retourne et voit son visage se transformer en celui d'une personne qu'il connaît, marquant ainsi le destin funeste de cette dernière. Cette personne, condamnée par le Mazzeru, a alors entre trois jours et un an à vivre.
Bien qu'il soit craint pour ses capacités à causer la mort, il n'est pas considéré comme un être consciemment maléfique. Le Mazzeru agit sous l'emprise d'une force mystérieuse qui le dépasse, le transformant en un instrument involontaire de la mort. Son rôle est ambigu : bien qu’il soit perçu comme dangereux, il est aussi une figure à part, marginalisée mais respectée dans la culture corse.
La chasse du Mazzeru suit le modèle de la chasse traditionnelle corse, parfois pratiquée en embuscade près des points d'eau, souvent considérés comme des frontières symboliques entre le monde des vivants et celui des morts. En Corse, les cours d’eau, tout comme en Grèce, sont vus comme la route des défunts. Ils marquent une limite entre deux mondes. Cette symbolique renforce l’idée que le Mazzeru est un passeur entre la vie et la mort.
Le Mazzeru inspire à la fois la peur et la fascination. Bien que ses actions soient terrifiantes, il n’est pas un sorcier mauvais de nature, mais plutôt une victime d'une force mystérieuse qui le pousse à tuer. Cette dualité, entre son pouvoir de mort et son absence de malveillance consciente, en fait une figure complexe et ambivalente dans la culture corse.Ce don, qui lui permet de côtoyer la mort et de prédire le sort d’autrui, le place en marge de la société, mais aussi comme une incarnation d’une part de l’âme corse.
La magie, les rêves et les croyances liées à l’au-delà occupent une place importante dans l’imaginaire insulaire, où la logique humaine et le raisonnement cartésien n'ont que peu de prise.
Finalement, le mazzerisme peut être vu comme une forme de chamanisme corse, où le Mazzeru incarne le lien entre le visible et l'invisible, entre la vie et la mort.
Les légendes et les pratiques païennes sont l'essence même de la culture insulaire. Bien que souvent qualifiées de légendes urbaines, ces croyances ont façonné depuis des siècles l'identité corse. Encore aujourd'hui, ces pratiques perdurent et se transmettent de génération en génération.
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